L’année 2024 passera non seulement à l’histoire en raison de ce vent de mobilisations qui, rappelons-le, a permis de récolter des engagements fermes de notre gouvernement, ainsi que l’affirmation d’une crise. La somme de nos efforts a pesé suffisamment lourd dans la balance pour que notre premier ministre, M. François Legault, réponde lui-même à nos demandes. Pour une première fois dans l’histoire du Québec, un premier ministre s’est déplacé au bureau d’une centrale syndicale, à la Maison de l’UPA, afin d’offrir des solutions. Ce seul geste demeure un exploit en soi.
Gardons toutefois en tête que la partie n’est pas encore gagnée. La nouvelle Politique bioalimentaire du Québec, qui entrera en vigueur en 2025, sera déterminante quant à la reconnaissance de notre profession. Les productrices et producteurs doivent être au cœur de celle-ci. Trop souvent, on oublie qu’au cours des 50 dernières années, l’autonomie alimentaire du Québec est passée de 75 % à 35 % et que, malheureusement, elle continue de se détériorer. Cette politique doit renverser la vapeur plus tôt que trop tard.
En avril dernier, j’étais également à vos côtés lors de notre mobilisation, à Sainte-Marie. J’étais fier de nous voir tous réunis afin de faire avancer notre cause. Voilà une démonstration concrète de la force de notre organisation qui justifie sa raison d’être même après 100 ans. Lors de cette journée, plusieurs avaient des slogans originaux, dont certains résonnent encore dans ma mémoire, comme celui-ci : « Besoin d’un 2e emploi pour boucler les fins de mois, c’est normal? » Pour bon nombre, je crains que cette situation soit toujours inchangée. D’où l’importance de maintenir nos revendications dans l'actualité.
Puis, le printemps chaud et hâtif a tout de même redonné le sourire aux acéricultrices et acériculteurs de la ChaudièreAppalaches, qui ont connu une année record. Par la suite, les températures élevées de juin ont devancé les récoltes maraîchères et fruitières. Bien que l’abondance fût au rendezvous pour les productrices et producteurs de la région, celle-ci l’était aussi dans les provinces voisines. Résultat : la surabondance a joué les trouble-fête sur les tablettes de nos épiceries, faisant chuter drastiquement les prix, notamment celui des bleuets.
Quant à la protection du territoire agricole de la ChaudièreAppalaches, tous nos efforts devront être maintenus, puisque l’accaparement de nos terres demeure plus présent que jamais. Nous n’avons qu’à penser au dossier stagnant des terres de Rabaska, les projets éoliens qui ne cessent de se multiplier, sans parler du ressuscité troisième lien. Quelques heures seulement après cette annonce, des agents immobiliers se sont bousculés chez les productrices et producteurs de la Rive-Sud avec des offres d’achat hostiles. Voilà pourquoi nous devons veiller quotidiennement à protéger le 2 % des terres en culture actives.
Dans le secteur porcin, le pire semble maintenant derrière les éleveuses et éleveurs, qui se sont entendus collectivement sur une décroissance commune. Néanmoins, lorsque nous possédons une entreprise agricole, peu importe la production, il est déchirant de la voir décroître tout en restant positif. L’enjeu quant à l’accès à des abattoirs de proximité est toujours un sujet d’actualité. Ceci est un bref portrait de notre réalité régionale qui justifie pleinement nos actions collectives et les efforts à maintenir.
Enfin, je profite de cette tribune pour souligner le travail exceptionnel des membres du personnel de la Fédération qui, pendant que nous vaquons à nos occupations premières, font cheminer avec rigueur et professionnalisme tous les dossiers qui nous concernent. D’ailleurs, je ne pourrais passer sous silence le départ à la retraite de notre directeur régional, M. Roch Poulin. En 1980, M. Poulin s’est joint à l’équipe de la Fédération de l’UPA de la Beauce. À la barre de la direction régionale depuis maintenant 14 ans, M. Poulin a aussi agi à titre de secrétaire des instances de la Fédération. Il a su nous guider avec savoir-faire, tout en faisant preuve d’une très grande loyauté.
Bien entendu, je ne pourrais assumer la présidence sans le précieux soutien de ma famille, particulièrement celui de ma conjointe. Sophie partage ma passion sans borne pour le syndicalisme agricole et je suis choyé de compter sur son appui indéfectible. Je remercie également les administratrices et administrateurs des syndicats locaux et spécialisés de la Fédération, ainsi que les membres du conseil d’administration pour la confiance accordée. Je suis honoré de m’impliquer aux côtés de gens aussi engagés envers la cause de l’agriculture, une cause noble et essentielle.
Le président,
James Allen